Conçue par l’entreprise Yapla et alimentée par l’intelligence artificielle, la plateforme de la CVDM va permettre aux manufacturiers de se partager leurs capacités de produire, tant en actifs qu’en ressources humaines.
«Quand on rencontre des associations manufacturières, partout au Québec, il y en a près de 650, elles ont toutes leur propre site web, leurs propres bases de données, quand elles en ont une… Il n’y a pas beaucoup d’intersectoriel», constate Benoit Cormier, président du CVDM.
« C’est ce qu’on veut faire, de l’intersectoriel. Le but est de monter le plus grand référentiel national de données manufacturières pour maximiser l’utilisation des ressources », poursuit-il.
Concrètement, la plateforme pourra, par exemple, aider un manufacturier à combler les périodes où ses machines ne sont pas utilisées, en les sous-traitant à un autre qui a besoin de celles-ci.
«On met en place des algorithmes à partir de l’intelligence artificielle pour être capable de voir que telle machine peut produire tel produit. Si la machine de l’un est disponible 50% du temps, dans le parc industriel où je suis, ou dans la région, est-ce que je suis capable de déléguer de la sous-traitance locale? Au lieu que le voisin achète la machine, on la partage», explique Benoit Cormier.
Ce dernier soutient qu’un manufacturier peut aller chercher des revenus supplémentaires importants en sous-traitant les périodes où ses machines ne sont pas utilisées.
Selon Benoit Cormier, ce besoin que son organisation espère combler vient «du manque de productivité, du manque de connaissance. Le plus gros problème entre les entreprises et les parcs industriels, c’est qu’ils fonctionnent en silo. Le besoin, c’est d’accélérer le maillage entre les entreprises, mais pas seulement sur le produit, sur la capacité manufacturière: les humains, les machines, les procédés. Le problème, c’est qu’on ne se connaît pas dans les parcs industriels».
Il faut, selon lui, augmenter l’agilité des manufacturiers.
« Il faut savoir qui est la bonne personne avec qui parler pour tel besoin. Parce que cette personne va parler le même langage. À l’heure actuelle, tout le monde a un langage et une culture différents. Les gens ne sont pas capables de communiquer entre eux rapidement et de manière efficace. Notre plateforme, c’est un langage unifié pour être capable de parler. »
Trois grappes manufacturières du Québec utilisent déjà la plateforme: Alliance métal Québec, Créneau machine et le Réseau de transformation métallique. Au total, plus de 5000 entreprises de 12 associations ont entré leurs données dans la plateforme pour d’éventuels maillages. Au total, le Québec compte plus de 13 000 entreprises manufacturières.
La plateforme ne s’arrête pas aux machines. Le personnel, comme pour la comptabilité, par exemple, peut aussi être « mis en commun ». « On maximise les ressources », dit Benoit Cormier.
Pour le moment, la plateforme du CVDM n’est disponible qu’au Québec. Mais si tout se passe comme prévu, elle prendra un tournant pancanadien d’ici la fin de la prochaine année. C’est d’ailleurs pour cette raison que NGen, la supergrappe canadienne de la transformation numérique dans le secteur manufacturier, a contribué financièrement au projet.
« Cela ne pourrait arriver à un meilleur moment. Nous devons agir rapidement. Nous devons trouver des façons non seulement de faire des affaires ensemble, mais aussi de collaborer ensemble », a commenté Jayson Myers, PDG de NGen Canada, mardi à Hanovre.
«Cela commence par savoir qui fait quoi et qui a la capacité qui performe bien et qui a la possibilité de devenir un fournisseur ou un partenaire.»
Les Affaires est en Allemagne à l’invitation d’Investissement Québec.
Référence : https://www.lesaffaires.com/dossiers/financement-faire-appel-a-plusieurs-partenaires/une-plateforme-pour-mettre-des-machines-en-commun-dans-le-secteur-manufacturier/
