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Trump menace le financement canadien des usines de batteries

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L'élection de Donald Trump aux États-Unis pourrait faire perdre des milliards de dollars à Northvolt, au Québec, ainsi qu'aux projets d'usines de batteries de Volkswagen et de Stellantis-LG (NextStar), en Ontario. Les gouvernements fédéral et provinciaux devraient en effet retirer ses subventions à la production si les États-Unis font de même. Et c'est justement l'intention du président américain désigné.

C'est le principe du miroir. Le gouvernement reflète ce qui se fait de l'autre côté de la frontière. Si Washington augmente ses aides publiques à l'industrie de la batterie dans le cadre de l'Inflation Reduction Act (IRA), Ottawa les augmente. Si Washington les diminue, Ottawa les diminue. Si Washington les coupe, Ottawa les coupe.

Or, Donald Trump s'est engagé à démanteler l'IRA s'il est élu. Et dans l'IRA, il y a l'Advanced Manufacturing Production Credit dont s'est inspiré le gouvernement canadien pour subventionner les trois projets d'usines de batteries sur son territoire.

Innovation, Sciences et Développement économique Canada confirme que ses ententes de financement étaient conditionnelles au maintien de l'IRA.

Si le gouvernement américain venait à modifier ou annuler l’Advanced Manufacturing Production Credit, le Canada emboîterait le pas de façon concordante.

Une citation deAndréa Daigle, porte-parole d'Innovation, Sciences et Développement économique Canada

 

Les promesses de subventions pour la construction des usines ne sont pas à risque de disparaître. Celles qui sont menacées sont les subventions à la fabrication de batteries.

Ottawa a mis sur la table l’équivalent de 35 $ US par kilowattheure (kWh) pour les cellules de batteries produites et vendues, et 10 $ US par kWh pour les modules de batteries produits et vendus.

Pour l'entreprise suédoise Northvolt, déjà en difficultés financières, cela représente un risque de voir s'évaporer 3,1 milliards de dollars.

Comme le reste de l'industrie, nous suivons de près les politiques publiques aux États-Unis, écrit par courriel le porte-parole de Northvolt Amérique du Nord, Emmanuelle Rouillard-Moreau.

Volkswagen n'a pas souhaité commenter.

Les subventions du Québec et de l'Ontario aussi conditionnelles

Après avoir d'abord dit que les subventions à la production de Québec seraient conservées, même en cas de retrait de l'IRA aux États-Unis, le gouvernement Legault a déclaré jeudi que, comme le fédéral, il retirerait ses 1,5 milliard de dollars de subventions à la production si Donald Trump retire l'IRA.

De son côté, le gouvernement ontarien de Doug Ford a confirmé à Radio-Canada que les aides sont subordonnées au maintien de l'IRA.

Des dizaines de milliards de dollars à risque en Ontario

C'est en Ontario que le gouvernement fédéral a misé le plus gros, en concordance avec l'IRA américain.

Selon le directeur parlementaire du budget, 13,2 milliards de subventions à la production ont été annoncées pour le projet d'usine de batteries de Volkswagen à St. Thomas, et 15 milliards pour le projet NextStar à Windsor.

Ottawa couvrira les deux tiers des subventions et l'Ontario, le tiers.

La rentabilité des projets ne serait plus la même

Ça va certainement affecter la rentabilité escomptée de ces investissements, prévoit Yan Cimon, professeur de stratégie à la Faculté des sciences de l'administration de l'Université Laval.

Le spécialiste de l'industrie automobile estime même que le retrait éventuel des subventions à la production pourrait se faire au détriment de l'envergure ou de la réalisation de certains projetsMais c'est encore trop tôt pour le conclure, ajoute-t-il.

L'expert rappelle que les subventions à la production avaient pesé lourd dans la décision de ces entreprises de s'installer au Canada. Sans cela, elles auraient probablement choisi les États-Unis.

Ça change la grille en vertu de laquelle on examinait ce type d'investissements stratégiques.

Une citation deYan Cimon, professeur de stratégie à la Faculté des sciences de l'administration de l'Université Laval et spécialiste de l'industrie automobile.

Yan Cimon ne craint toutefois pas un déménagement des usines dont la construction est déjà lancée.

Northvolt confirme d'ailleurs que le choix du Canada demeure intéressant pour elle.

Grâce à son accès au marché nord-américain, à son hydroélectricité verte et à sa main-d'œuvre qualifiée, le Québec reste l'endroit idéal pour Northvolt et nous restons pleinement engagés à faire avancer notre projet ici, affirme sa porte-parole.

Yan Cimon pense que la prochaine administration Trump aura aussi des incitatifs qu'elle voudra mettre de l'avant pour stimuler les investissements aux États-Unis, ce qui créera un environnement qui mettra de la pression sur le Canada pour essayer d'en faire autant ou, en tout cas, d'avoir des outils, lui aussi, pour essayer d'attirer des investissements.

Pas simple pour Trump d'arrêter l'IRA

Dans tous les cas, ce ne sera pas une mince affaire pour Donald Trump de mettre sa menace à exécution. Non seulement le retrait de l'IRA éloignerait les États-Unis de leurs cibles de réduction des émissions de gaz à effet de serre, mais il pourrait aussi faire mal à l'économie.

L'IRA a déjà injecté 361 milliards de dollars dans de nouveaux investissements, y compris dans des États républicains.

Selon une analyse récente du groupe de réflexion non partisan Energy Innovation Policy & Technology, l’IRA pourraient créer plus d’un million de nouveaux emplois nets en 2030 et augmenter le PIB jusqu’à 200 milliards de dollars en 2030.

Référence : https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/2118227/trump-menace-batteries-northvolt-subvention

 

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