
Tout acier qui entrera aux États-Unis se fera imposer un droit de douane de 25 %
, a-t-il déclaré dimanche à la presse à bord de l'avion Air Force One alors qu'il se rendait à La Nouvelle-Orléans, en Louisiane, pour assister au Super Bowl.
Interrogé au sujet de l'aluminium, il a répondu que l'aluminium aussi
sera soumis à des sanctions commerciales.
M. Trump a également réaffirmé dimanche qu'il annoncera des droits de douane réciproques
– probablement mardi ou mercredi
–, ce qui signifie que les États-Unis imposeront des tarifs douaniers sur certains produits lorsqu'un autre pays aura imposé des droits sur des produits américains.
S'ils nous facturent 130 % et que nous ne leur facturons rien, les choses ne vont pas en rester là
, a-t-il déclaré aux journalistes.
« On doit mettre fin à cette incertitude »
Dans une entrevue accordée à CBC, Catherine Cobden, présidente et cheffe de la direction de l'Association canadienne des producteurs d'acier, a lancé une mise en garde : Si ces droits de douane sont appliqués, il est probable qu'ils seront dévastateurs [pour l'industrie].
En tant que premier partenaire commercial des États-Unis pour l'acier, nous représentons environ 20 % de leurs importations d'acier, et les États-Unis représentent environ 40 % des nôtres
, a-t-elle poursuivi. Nous sommes très dépendants les uns des autres sur le plan économique.
À Ottawa, le gouvernement fédéral a vu les nouvelles
mais n'a pas d'informations supplémentaires pour le moment
, a affirmé une source gouvernementale haut placée à Radio-Canada.
Je note que le commentaire concerne tous les pays. Tout comme le 20 janvier et le 1er février, nous attendons de voir quelque chose d'écrit ou d’officiel
, ajoute cette source.
De passage en France à l'occasion du Sommet pour l'action sur l'intelligence artificielle, le premier ministre du Canada, Justin Trudeau, n'a pas voulu faire de commentaire dimanche.
Son ministre de l'Innovation, des Sciences et de l'Industrie, François-Philippe Champagne, a tout de même déclaré sur X que l’acier et l’aluminium canadien soutiennent des secteurs clés aux États-Unis, de la défense à la construction navale à l’auto.
Nous continuerons à défendre le Canada, nos travailleurs et nos industries
, a-t-il assuré.
Quant à François Legault, le premier ministre du Québec, il a plaidé pour une renégociation au plus vite
de l'entente de libre-échange entre le Canada et les États-Unis.
Le Québec leur exporte 2,9 M de tonnes d’aluminium, soit 60 % de leurs besoins. Préfèrent-ils s’approvisionner en Chine? Tout cela démontre qu’on doit commencer à renégocier notre entente de libre-échange avec les États-Unis au plus vite et ne pas attendre la révision prévue en 2026. On doit mettre fin à cette incertitude
, a-t-il écrit sur X.
Si l’administration Trump venait à imposer des tarifs douaniers, ce sont les Américains qui en subiraient les conséquences. Dans tous les cas, notre gouvernement est déterminé à protéger notre économie et à soutenir les entreprises touchées
, a ajouté le cabinet de la ministre de l’Économie, de l’Innovation et de l’Énergie, Christine Fréchette.
Le premier ministre de l'Ontario, Doug Ford, a également réagi sur X : Voici ce à quoi ressembleront les quatre prochaines années. Des changements d'objectifs et un chaos constant, ce qui mettra notre économie en danger.
M. Ford, qui se représente aux élections provinciales du 27 février prochain, a profité de sa tribune pour promouvoir sa candidature. Je demande à la population un mandat de quatre ans, fort et stable, qui survivra à l'administration Trump, pour faire tout ce qu'il faut, pour être toujours prêt à protéger l'Ontario
, a-t-il écrit.
De l'autre côté de l'Atlantique, le président français Emmanuel Macron a appelé les Européens à se tenir prêts à répondre à d'éventuels droits de douane de la part de Donald Trump lors d'une entrevue diffusée dimanche sur la chaîne américaine CNN.
Si vous voulez que l'Europe investisse davantage et s'engage dans la sécurité et la défense [...], je pense qu'il est dans l'intérêt des États-Unis de ne pas s'en prendre à l'Europe et de ne pas la menacer avec des tarifs douaniers
, a dit M. Macron lors d'un échange enregistré jeudi et diffusé dimanche.
Les tarifs, au cœur de la politique de Trump
Depuis l'investiture de Donald Trump, en janvier, les droits de douane sont au cœur de sa politique économique et diplomatique. Ils sont considérés à la fois comme un moyen de résorber le déficit commercial des États-Unis et comme un levier de négociations avec les pays visés.
Lors d’une entrevue accordée dimanche à la chaîne américaine Fox News avant le début du Super Bowl LIX, le président américain a déclaré qu’il souhaite sérieusement que le Canada devienne le 51e État des États-Unis. M. Trump a de nouveau prétendu que les États-Unis versent 200 milliards de dollars par année
à leur voisin du Nord, une référence apparente au déficit commercial entre les deux pays.
Depuis mardi, les produits en provenance de la Chine sont renchéris par des droits de douane additionnels de 10 %, une mesure à laquelle Pékin a décidé de riposter avec des surtaxes ciblées sur certains produits américains à partir du 10 février.
Initialement, les exportations du Mexique et du Canada aux États-Unis devaient aussi se faire infliger des droits de douane de 25 % à compter de mardi. Cependant, Donald Trump leur a accordé un sursis d'un mois à la dernière minute après avoir reçu des engagements sur le renforcement de la sécurité aux frontières.
Au cours de son premier mandat (2017-2021), Donald Trump avait instauré des taxes de 25 % sur les importations d'acier et de 10 % sur les importations d'aluminium avant d'accorder par la suite des exemptions, en fonction de quotas, à plusieurs partenaires commerciaux, dont le Canada, le Mexique et le Brésil.
https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/2139193/donald-trump-tarifs-douaniers-aluminium-acier