
Dans la foulée des récents propos tenus par la présidente et directrice générale d’Investissement Québec, Bicha Ngo, un signal fort doit être envoyé afin que les entreprises maintiennent, voire accroissent, leurs investissements en recherche et développement (R-D) et en innovation. Les regroupements sectoriels de recherche industrielle (RSRI) – uniques au Canada – sont des alliés de nos entreprises en la matière.
Les RSRI accélèrent la compétitivité des secteurs prioritaires du Québec en favorisant le maillage recherche-industrie et en soutenant des projets concrets d’innovation collaborative. Soutenus financièrement par le ministère de l’Économie, de l’Innovation et de l’Énergie ainsi que le secteur privé, nous avons un impact direct sur les entreprises que l’on soutient : innovations, augmentation de leurs chiffres d’affaires, création et maintien d’emplois, accès à du personnel hautement qualifié, etc. En somme, nous maximisons les expertises en recherche et en innovation au bénéfice des entreprises, soutenons la mise en œuvre des plans stratégiques et contribuons à la formation des ingénieurs, scientifiques et gestionnaires dans les secteurs clés du Québec.
Concrètement, ce sont près de 770 entreprises menant des activités de R-D chaque année avec l’expertise d’universités, de centres collégiaux de transfert de technologie (CCTT) dans le réseau des RSRI. Cela représente un investissement totalisant 929 millions sur cinq ans en recherche collaborative. Ce soutien contribue à générer des investissements industriels en R-D. Cela est d’autant plus important que le pourcentage d’investissement en R-D par les entreprises canadiennes est en déclin depuis plusieurs années. Cela n’augure rien de bon quant aux enjeux de productivité, compétitivité et de diversification des marchés internationaux.
Nous assistons à une urgence qui démontre l’importance vitale de l’innovation pour les entreprises. Du jour au lendemain, des entreprises de toutes tailles, de tous secteurs que l’on croyait solides, pourraient voir leurs modèles d’affaires s’écrouler comme un château de cartes. Il convient dès lors d’accélérer les mises en relation, soutenir le réseautage et l’intersectorialité tout en s’assurant que les organisations et les enveloppes travaillent en synergie.
Nos entrepreneurs ont de bonnes idées, mais celles-ci ne suffisent pas. L’innovation industrielle requiert la mobilisation d’un ensemble de facteurs : le savoir et le talent, les équipements de recherche, le soutien financier, un cadre réglementaire adéquat, des partenaires et fournisseurs compétents, des réseaux nationaux et internationaux aussi bien pour alimenter la recherche que pour en commercialiser les résultats. Il est nécessaire d’offrir un cadre qui permet d’oser, d’échouer et de réessayer – rapidement – en minimisant les risques ce que les États les plus compétitifs au monde savent faire.
Les entreprises, surtout les PME, ont besoin d’un soutien personnalisé ayant accès à l’ensemble de ces ressources, ainsi qu’à l’expertise en innovation. Il sera crucial que les différents ordres de gouvernement continuent d’être au rendez-vous ; il y va du dynamisme de l’écosystème d’innovation, lequel profite à toute notre économie.
Le Québec doit continuer de favoriser l’innovation, pour ne pas se figer devant la situation commerciale. Le développement du savoir et sa mise à contribution au service de nos entreprises sont absolument essentiels à notre maintien dans le peloton de tête des économies modernes dont la prospérité repose sur l’innovation constante. La collaboration entre les industries et organisations de recherche permet de décupler l’ampleur des innovations, l’impact de nos investissements publics et privés en recherche et la capacité de nos entreprises à affirmer leur présence sur les marchés internationaux. L’investissement public pour soutenir l’innovation est essentiel. Les RSRI sont au rendez-vous dans ce contexte de crise.
* Cosignataires : Geneviève Mathieu, présidente et directrice générale, Consortium de recherche et d’innovation en bioprocédés industriels au Québec (CRIBIQ) ; Annie-Kim Gilbert, présidente et directrice générale, MEDTEQ+ ; Diane Gosselin, présidente et directrice générale, Consortium québécois pour la découverte du médicament (CQDM) ; Liette Lamonde, directrice générale, PROMPT – Technologies de l’information, des communications et du numérique ; Gilles Déry, président et directeur général, Centre québécois de recherche et de développement de l’aluminium (CQRDA) ; Jean-François Pouliot, directeur général, Consortium de recherche et d’innovation en transformation métallique (CRITM) ; Thierry St-Cyr, président et directeur général, InnovÉÉ – Innovation en énergie électrique
Référence : https://www.lapresse.ca/affaires/2025-02-17/le-forum-des-affaires/l-innovation-un-levier-strategique-dans-le-contexte-actuel.php?sharing=true