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La construction d’une grosse usine de biocarburant s’intensifie à Varennes

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Le reste des équipements repose actuellement sur des bateaux en provenance de l’Asie, a expliqué Stéphane Demers, directeur général de RCV, en marge d’une conférence de presse et d’une visite de chantier.

« Ils vont arriver comme de gros blocs Lego qu’on monte, a-t-il dit. C’est en route, ça va arriver vers la mi-août. On va avoir 72 modules transportés de Contrecoeur. Et en début d’année prochaine, on a huit “super modules” qui vont arriver à Bécancour. »

Le camionnage sera lourd sur les routes menant au chantier de construction, qui entame sa phase intensive. Environ 500 travailleurs s’y activeront bientôt. L’entrée en service de l’usine est pour sa part prévue pour fin 2025.

Tout cela représente un investissement de plus de 1,3 milliard de dollars. L’actionnariat est composé à 76 % des compagnies pétrolières et énergétiques Shell, Suncor et Proman, ainsi qu’à 24 % d’Investissement Québec. La Banque d’infrastructure du Canada (BIC) a pour sa part prêté 277 millions pour la réalisation du projet.

Le biocarburant doit être produit à 50 % à partir de résidus de l’industrie forestière québécoise. L’autre moitié doit provenir de matières résiduelles de centres de tri. « On recycle ce qui n’est pas recyclable », a expliqué Dominique Boies, chef de la direction d’Enerkem, qui fournit une technologie centrale de la bioraffinerie à RCV. Les ententes d’approvisionnement restent encore à être conclues.

M. Demers explique que cette biomasse sera broyée, puis brûlée dans un gazogène, une sorte de four à combustion lente. Le procédé prévoit que le gaz ainsi dégagé sera injecté d’oxygène, puis nettoyé, puis envoyé dans un réacteur et additionné d’hydrogène.

« Une réaction chimique se fait, et à la sortie, on a un méthanol non purifié », précise M. Demers. Le méthanol est compressé pour pouvoir être utilisé sous forme liquide.

L’hydrogène « vert », lui, sera produit à l’aide d’un électrolyseur, qui fait passer du courant dans de l’eau pour en décomposer les molécules et capter l’hydrogène. Il permettra de produire 40 tonnes d’hydrogène par jour, que RCV compte intégralement utiliser, du moins pour l’instant, pour fabriquer annuellement 125 millions de litres de biométhanol.

Réduire l’empreinte du transport maritime

Cette quantité de carburant pourrait propulser cinq navires de taille moyenne pendant un an, selon MM. Boies et Demers. « C’est une petite goutte, admet Stéphane Demers. Mais en contrepartie, c’est une denrée rare sur le marché. »

L’industrie maritime favorise de plus en plus le méthanol comme option de rechange aux énergies fossiles, affirme Dominique Boies. Or, l’empreinte carbone du biométhanol — par opposition au méthanol synthétisé à partir de gaz naturel ou de charbon — est beaucoup plus faible, ajoute-t-il.

Les possibilités d’utilisation du biométhanol sont multiples, indique M. Boies, notamment dans les industries manufacturières et le transport. Dans un rapport publié en 2021, l’Agence internationale pour les énergies renouvelables soulignait que le coût de production du méthanol durable était élevé et que les volumes de production étaient faibles. Toutefois, l’agence considérait que la demande allait quintupler et que ses prix pourraient devenir compétitifs d’ici 2050.

En conférence de presse, Saad Rahali, directeur principal des infrastructures de la BIC, a affirmé que les prix de ce carburant risquaient de fluctuer dans les prochaines années, mais que cette prise de risque était nécessaire pour que le pays devienne « pionnier de l’économie verte ».

Référence : https://www.ledevoir.com/economie/815187/construction-grosse-usine-biocarburant-intensifie-varennes

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