
Manon Tanguay habite la rue Champlain depuis 17 ans. Chaque jour, elle doit composer avec les irritants causés par l’usine Magotteaux, qui fabrique entre autres des boulets de métal. Je ne peux pas étendre de linge sur la corde à linge, explique-t-elle. Je ne peux pas ouvrir les fenêtres de ma maison parce que toute la suie rentre [à l’intérieur].
Je peux comprendre que l’usine est là, qu’il y a du bruit, mais à ce point-là? Jamais je n’aurais pensé que ma vie serait un cauchemar.
Le bruit est un autre irritant majeur soulevé par des résidents du quartier. Un camion a réveillé la famille de Mathieu Vincent à 6 h 30, mardi matin. Avant ça, à 3 h du matin, un camion de 53 pieds est arrivé dans la rue et nous a réveillés en partant, ajoute-t-il. On ne peut pas dormir les fenêtres ouvertes sinon ça nous réveille tout le temps
Le chargement des boulets de métal à l’extérieur de l’usine résonne aussi dans le voisinage. En 2017, l'entreprise en fabriquait 55 000 tonnes par an. Imaginez un tracteur avec une pelle mécanique remplie de boulets de métal, qui fait tomber [son chargement] dans un camion en métal d’à peu près 15, 20 pieds de haut. Imaginez le vacarme que ça fait
, explique Richard Bourdeau, un autre résident du coin.
C’est très agressif comme bruit, soutient Mathieu Vincent. Ça arrive quelques fois par jour. Ce n’est pas en continu, mais c’est assez dérangeant. Ça peut réveiller un bébé qui fait une sieste.
C’est comme si l’usine était toujours chez nous, tout le temps.
Des ajustements réclamés
Un incendie survenu le 10 août dernier a redonné espoir à des citoyens qui y ont vu l’occasion d’améliorer la situation.
Ces Magogois sont clairs : ils ne souhaitent pas un déménagement de l’usine. On pourrait résumer ce qu’on veut en deux mots: collaboration et communication
, nuance Richard Bourdeau.
Notre mouvement citoyen ne veut ni la fermeture ni le déménagement de Magotteaux.
Gardez votre bruit et votre suie à l'intérieur. C'est tout ce qu'on demande
, réclame pour sa part Manon Tanguay.
Mardi soir au conseil municipal, des citoyens du quartier seront présents pour demander aux élus d'agir. La Ville se dit quant à elle disposée à collaborer, mais souligne que l'entreprise est établie dans le secteur depuis 85 ans.
Au niveau des normes, tout serait à jour, tout serait correct. C'est sûr qu'il y a quand même des règlements concernant le bruit
, clarifie la mairesse Nathalie Pelletier. La Ville confirme d'ailleurs que l'entreprise ne jouit pas d'une dérogation : la nuit, elle doit se conformer à la réglementation municipale sur le bruit.
La mairesse de Magog rappelle qu’un comité constitué de citoyens, de représentants de Magotteaux et du conseiller municipal du secteur a été formé. Deux rencontres ont eu lieu depuis l’incendie.
Il y a peut-être des ajustements à faire à la suite de l’incendie. On comprend qu’ils sont en reconstruction. Est-ce qu’il y a plus de va-et-vient pour les travaux, la reconstruction? Possiblement
, admet Nathalie Pelletier.
Manon Tanguay doute cependant de pouvoir un jour trouver la quiétude chez elle. J'ai tout fait pour me faire une petite oasis et je ne peux pas en profiter,
se désole-t-elle.
Référence : https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/2101829/usine-magotteaux-magog-bruit-poussiere